Artefacts – La Main Harmonique

La Main Harmonique

Direction musicale : Frédéric Bétous


12/11/2022 | 19h

Perpignan

Théâtre de l'Archipel

Billetterie

Théâtre de l'Archipel

Avenue du Général Leclerc

Perpignan

Pyrénées-Orientales


Festival Aujourd'hui Musiques

Pour en savoir plus

Programme

Le Chant des Oyseaux - Clément Janequin
Coffee beans - Moondog - arrgt Alexandros Markeas
Greensleeves - arrgt Thomas Enhco
All is loneliness - Moondog - arrgt Alexandros Markeas
Tous les Regretz - Antoine Brumel
Douce France - arrgt Bruno Fontaine
Nous étouffons ! - Thomas Enhco
Flow my tears - John Dowland
Made in Human - Anne Paceo
Empowerment - Alexandros Markeas
Se décentrer - Dominique A - arrgt Alexandros Markeas
Daylight and the Sun - Antony & The Johnsons - arrgt Bruno Fontaine
Oasis - Moondog - arrgt Alexandros Markeas
Chant - Moondog - arrgt Alexandros Markeas

Distribution :

Nadia Lavoyer et Clémence Olivier, sopranes
Frédéric Bétous, Contre-ténor
Loïc Paul et Fabrice Foison, ténors
Marc Busnel, basse
Ulrik Gaston Larsen, archiluth

Anouck Buscail-Rouzies, comédienne adolescente

Michel Schweizer, Mise en scène

Eric Blosse, Lumière
Eric Tarbagayré, Son

«Notre destinée commune est un vêtement sans couture.
Ce qui affecte directement l’un de nous, nous affecte tous indirectement. »
Martin Luther King


Le projet musical et scénique Artefacts est né des nombreuses questions rendues incontournables depuis la pandémie et la période de crise planétaire qui lui est corrélée.
À l’heure où plus aucun acteur de la société ne peut trouver un argument scientifique susceptible de mettre en doute le lien de causalité entre l’action des Hommes sur la planète et l’irruption de zoonoses de plus en plus fréquentes, par exemple, ou encore d’évènements climatiques hors de contrôle, comment se fait-il qu’il soit si difficile de transformer la connaissance cruciale qui en découle en actes de survie et de bon sens ? C’est que justement, nous n’en sommes encore, collectivement, qu’à l’étape de « connaissance » et non de « prise de conscience ».

Du côté de la planète, on est à un moment de vacillement, de mutation ou de basculement inédit dans l’histoire de l’humanité. Un certain nombre de seuils irréversibles sont en train d’été franchis au-delà desquels nos manières de vivre et l’organisation même de nos sociétés ne pourront plus être les mêmes.

Dans le même temps, paradoxalement, on assiste à une forme de rétrécissement de la pensée politique qui, pour « faire sérieux », au lieu de prendre ces questions cruciales en compte, réoriente sans cesse les discours sur la théorie néolibérale bien connue autour de la croissance économique : créer des richesses et les répartir pour créer des emplois… (ce qui ressemble de plus en plus à une mauvaise farce)

Ajoutons au tableau la course permanente à l’instantanéité au travers des réseaux sociaux :
Le développement d’une forme de communication politique de plus en plus basée sur des petites phrases, des petits commentaires. Sortes d’injonctions permanentes à commenter et à réagir à « à-peu-près tout » ce qui peut se passer dans le pays, et qui n’aident pas à prendre un peu de hauteur dans le débat public.

Au final, c’est un peu comme si l’être humain s’était progressivement détaché de la « nature » en se faisant « être de culture » distinct des écosystèmes et de son environnement, et qu’il s’était détaché de ce qu’il avait à protéger et à défendre pour sa propre survie.

Pris dans les filets de concepts stériles et d’objectifs mal ancrés tels la « Croissance verte » ou « le plein emploi » de nos jours, les scenarios optimistes quant à notre capacité à réagir collectivement face à la catastrophe annoncée semblent hors d’atteinte, et nous nous réveillons « confinés », rendus apparemment à l’impuissance, sur une planète nous devenant de plus en plus hostile.

Cette situation a tout de même la vertu de nous pousser à la prise de conscience et à l’action, deux composantes essentielles pour cheminer hors du déni et pour ne pas sombrer dans la peur ou le repli sur soi.

Nous sentons au fond de nous que nous allons devoir changer quelque chose. D’une certaine manière, il s’agit maintenant pour nous d’arriver à prendre la responsabilité́ de ce constat.
Notre souhait est qu’Artefacts puisse y contribuer, et grâce au pouvoir de la musique, d’imaginer et de faire résonner les sons qui pourraient nous rendre sensibles à ces valeurs nouvelles susceptibles de nous aider à envisager « demain » avec confiance et envie.
Pensons par exemple à la joie de pouvoir se tenir debout au milieu du chaos, de continuer de se sentir Humain, rempli d’empathie et de confiance dans notre pouvoir d’être au service des situations comme elles se présentent ?

Bien sûr c’est très clair, nous n’allons pas sauver le monde. Mais nous pouvons au moins adopter une attitude digne, une attitude qui redonne de la dignité à notre présent, qui nous permette des agissements responsables, comme dans le « refus de parvenir » dont parle Corinne Morel Darleux dans son livre Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce.

Pour revenir au programme Artefacts, une adolescente est sur scène pour porter ces paroles et en être le catalyseur et le témoin. Une communauté d’artistes, créateurs et compositeurs d’horizons différents, interrogent notre humanité dans l’incertitude et les changements du monde contemporain. Les musiques, qu’elles soient anciennes ou contemporaines, polyphoniques, monodiques, empreintes du jazz ou des musiques actuelles, deviennent des objets aiguisant notre perception.

La Chanson est le fil rouge. Revisitée sous de multiples formes, depuis la Renaissance avec Clément Janequin, elle est le point de départ pour aller vers d’autres chansons « revisitées », ou écrites par des compositeurs d’aujourd’hui - L’arrangeur Bruno Fontaine, le compositeur et improvisateur Alexandros Markeas, le compositeur et pianiste jazz Thomas Enhco et la compositrice et percussionniste jazz Anne Paceo - de John Dowland à Moondog, d’Antony & the Johnsons aux chansons traditionnelles anciennes comme Greensleves (anonyme).
Un instrumentiste qui joue autant l’archiluth que la guitare baroque et le colascione (équivalent de la guitare basse à la Renaissance) ainsi que différentes percussions se joint aux chanteurs qui auront ici un micro et de petits instruments avec lesquels ils devront composer, comme par analogie avec la situation environnementale qui nous contraint à modifier et à questionner notre manière d’être au monde.
Le spectacle sera construit autour de trois axes principaux : le passé, vers lequel il nous est impossible de revenir (et la nostalgie que celui-ci pourrait susciter), une partie centrale où tout bascule, et une fin en forme d’ouverture sur le champ des possibles.


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