Und, monodrame scénique – TM+, Daniel D’Adamo, Julie Delille
TM+
Direction musicale : Laurent Cuniot
07/03/2024 | 20:30
Nanterre
Maison de la Musique
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Programme
UND
Monodrame scénique
pour soprano solo, 8 instruments et électronique
Création mondiale
Sur une adaptation de la pièce de théâtre « Und » de Howard Barker, traduite par Vanasay Khamphommala et adapté par Jule Delille et Daniel D’Adamo
Distribution :
Daniel D’Adamo
Musique Création
Julie Delille – Théâtre des trois Parques
Mise en scène
Alix Fournier Pittaluga – Théâtre des trois Parques
Assistante mise en scène
Chantal de La Coste
Scénographie et conception costumes
Elsa Revol
Création lumières
Laurent Cuniot
Direction
Ensemble TM+
Gaëlle Mechaly, soprano
Gilles Burgos, flûte
Nicolas Fargeix, clarinette
Vincent David, saxophone
Julien Le Pape, piano
Hélène Colombotti, percussion
Maud Lovett, violon
Florian Lauridon, violoncelle
Charlotte Testu, contrebasse
Marie Delebarre, régie plateau
Yann Bouloiseau, son
MONODRAME SCÉNIQUE POUR SOPRANO SOLO, 8 INSTRUMENTS ET ÉLECTRONIQUE
Son retard infime
Si calculé qu'il soit (...)
A causé en moi une blessure profonde et inextinguible
La manipulation
Oh je connais la manipulation
C'est un art
UND PAR DANIEL D’ADAMO, COMPOSITEUR
Und est une femme d’âge moyen. Elle attend l’arrivée imminente de son amant. Elle est seule sur scène. À travers un monologue, le personnage met en débat son intériorité, une véritable allocution sur soi. Aussi elle met en scène la prise de conscience de la menace qui pèse sur elle : un guet-apens qui prendra progressivement la forme d’un harcèlement.
Und se déroule en temps de guerre. L’amant est un militaire de haut rang. Il est allemand. Malgré la cloche de la porte qui sonne, malgré les bruits qui éventuellement l’annoncent, il tarde à venir à la rencontre de Und. Elle entretient un rapport ambigu avec lui. Elle est à la fois fascinée par cet homme, à ses yeux, héroïque, et blessée par le mépris de l’attente qui se prolonge et installe le doute, puis le conflit à distance et enfin la menace définitive. Héros de guerre, très sollicité, accaparé par son travail et les prisonniers du camp qu’il dirige, l’amant tarde à venir à sa rencontre : « Les Juifs l’épuisent sans doute ».
Und est une aristocrate et elle est juive. Son amant n’est autre que son bourreau. Un dialogue avec des personnages invisibles – ses domestiques – traverse le monodrame. Un plateau descend régulièrement lui amener ce qu’elle leur demande. Un mouvement pendulaire qui martèle le lien de Und avec le réel : ainsi le plateau est-il ce qui « ramasse les Juifs », mais aussi ce qui permet de ne pas les « gommer de la mémoire ». On comprendra progressivement qu’« ils prenaient des trains », que les filles furent tuées ou « envoyées dans les usines ». Les domestiques vont peu à peu mais définitivement déserter la maison laissant Und seule face au danger qui rôde de manière incessante autour de la maison.
Und est l’histoire d’un harcèlement, le harcèlement ultime, le plus terrible qui soit. Mais, avant le départ définitif des domestiques, un dernier plateau lui est présenté. Le petit tas de terre qui y est déposé lui fait dire que « quelqu’un est mort » :
« quelqu’un est mort pas moi (…) c’est lui pas moi », jusqu’à ce que les bruits extérieurs confinent au « martèlement », à la pluie battante.
Tandis que la vraie pause approche irrémédiablement, Und exige qu’on bouche les fenêtres, qu’on débranche, puis qu’on remette la sonnette. Veut-elle mourir ou non ? Dehors, toutes les caractéristiques d’un feu déclaré qui monte à l’étage … « Est-ce la fumée ? » questionne-t-elle. Rideau.