Il était une Relance…
Tribune Mai 2024
Tribune par Aurélie Gorce-Marion, administratrice de l’ensemble De Caelis
Il était une Relance…
En 2021-2022, nous avons eu l’opportunité avec l’ensemble De Caelis de bénéficier du programme Infusion/Effusion, un dispositif de soutien et de « recherche-action » lancé par l’Odia Normandie, soutenu par la Région Normandie, la DRAC Normandie et la Sacem dans le cadre du plan de Relance. Un grand projet de territoire, dix-huit mois de résidence, un accompagnement, un financement adapté, une carte blanche, un temps de recherche pris en compte, une co-construction des projets d’actions culturelles avec les partenaires… Un programme qui sortait des sentiers battus, peut-être déroutant au premier abord, de par son ouverture et les pas des côtés qu’il nous amenait à faire. Quoi ? Nous n’avions pas à répondre à un cahier des charges où les cases à cocher ne cessent de se multiplier. Quoi ? Nous pouvions avoir l’assurance d’une confiance, d’une liberté d’action, de créer le projet artistique et culturel tel que nous l’avions imaginé. Ce fut un bel espace de construction, où nous avons pu avoir le temps nécessaire ainsi que le budget associé. C’est ainsi que naissent de véritables partenariats, dans la durée, avec un travail de fond sur le terrain. Dix-huit mois de gestation, longue, nécessaire et fructueuse.
L’infusion a pris, l’effusion a été initiée, mais cette merveilleuse aventure fut éphémère et ne s’est pas suivi d’une poursuite de ce programme. Aujourd’hui, la relance est passée, les budgets associés se sont épuisés, et la sensation étrange d’avoir été coupé dans notre élan est restée. Heureusement, l’enthousiasme suscité par ce souffle budgétaire pour nos structures ne s’est pas envolé et nous continuons de les porter à bout de bras, partis sur notre lancée, porté par notre passion, au risque de s’y brûler les ailes.
Aujourd’hui, les aides publiques peinent à soutenir le seul fonctionnement des ensembles. Les conventionnés sont les plus chanceux, et certes nous ne pouvons pas nous en plaindre, nous parvenons à maintenir ainsi la tête hors de l’eau. Mais les productions se transforment et déforment au gré des appels à projet et demandes d’aide de plus en plus restrictives ; les conditions des résidences s’amenuisent à vue d’œil, pour ne se réduire qu’à un simple et très court accueil dans les murs la plupart du temps…
Tant et si bien qu’on en viendrait presque à regretter la période du pain béni des plans de Relance…
Mieux produire, mieux diffuser nous a-t-on dit, c’est bien notre objectif et depuis toujours mais cela devient de plus en plus difficile, il faut l’admettre. Espérons que le temps du contorsionnisme budgétaire passe car il en va de la survie des ensembles, de leur existence, de leur développement dans le temps.
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