
3 questions à Christophe Collette : « C’est en décloisonnant les arts depuis plus de 25 ans que le projet du Quatuor Debussy s’est construit »
Janvier 2022
Par Clément Vialle & Magali Roberto

© Michel Cavalca
A l’occasion de la programmation du spectacle Boxe Boxe Brasil du Quatuor Debussy et de la Compagnie Käfig – Mourad Merzouki à la Philharmonie de Paris, la FEVIS a posé quelques questions à Christophe Collette, premier violon du quatuor.
Il évoque en particulier la question de la pluridisciplinarité, de la coopération artistique et de l’impact qu’elles peuvent avoir sur la diffusion et le renouvellement des publics de la musique dite « classique ».
5 ans après la création du programme Boxe Boxe Brasil en collaboration avec Mourad Merzouki, vous continuez à le présenter dans des festivals, des grandes salles… et bientôt à la Philharmonie de Paris ! Quel a été le chemin parcouru avec cette création ?
Christophe Collette : En fait la collaboration a commencé dès 2010 avec Mourad Merzouki pour la création de Boxe Boxe à la Biennale de la Danse de Lyon avec 9 danseurs de la compagnie Käfig. Sept ans après, avec plus de 280 représentations données dans le monde entier, Mourad Merzouki et le Quatuor Debussy ont voulu continuer l’aventure en créant Boxe Boxe Brasil. Mourad avait déjà travaillé avec les danseurs cariocas pour sa création Agwa et souhaitait leur proposer un nouveau spectacle. Il a donc imaginé de nouvelles chorégraphies et lancé le défi au Quatuor Debussy de créer une réécriture musicale de l’ancien spectacle Boxe Boxe mais en version brésilienne ! Pari passionnant car il ne s’agissait pas de faire un simple copier-coller du premier round mais bel et bien de fabriquer une nouvelle atmosphère musicale pour que la fusion des corps et des cordes soit de nouveau parfaite, dans une coloration digne des plus belles sambas… Le succès du spectacle a été immédiat et 5 ans après, il tourne encore !
Le travail en dialogue avec une autre discipline, la danse, et Mourad Merzouki a-t-il changé votre manière globale de penser vos concerts, de vous mettre en scène ?
L’expérience de ces spectacles scéniques partagés avec d’autres disciplines artistiques est une des composantes du projet artistique du Quatuor Debussy depuis sa création ; en découle naturellement l’envie de proposer la musique différemment également en concert. Après avoir été au service des autres arts, le Quatuor s’est attelé à renouveler en profondeur la forme du concert. Cette fois-ci, il s’agit de commencer par construire un programme de concert puis, dans un second temps, d’en faire un objet scénique. La dramaturgie musicale est désormais travaillée dès l’étape du programme musical avec une symbolique phare ou une thématique spécifique. Il s’agit alors de scénographier la présence des musiciens en cohérence avec le discours musical ainsi que l’environnement et la lumière, tout cela, bien entendu, avec une équipe (metteur en scène, scénographe, créateur lumière…) choisie en adéquation avec le projet.

© Bernard-Benant
La pluridisciplinarité, l’action de faire se rencontrer les disciplines artistiques (musique, danse, arts numériques,…) est une démarche très actuelle, sur laquelle vous êtes depuis longtemps précurseurs. Ce choix artistique contribue-t-il aussi plus largement à renouveler les lieux de diffusion et les publics de la musique classique ?
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Les salles plus traditionnelles (comme la Philharmonie de Paris) nous demandent maintenant ces formes hybrides pour leurs programmations !
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C’est en décloisonnant les arts depuis plus de 25 ans, sans jamais en être au détriment de la qualité musicale, que le projet du Quatuor Debussy s’est construit, permettant de toucher un public plus large que le public traditionnellement attiré par la musique classique. Cela permet aussi de programmer cette musique d’excellence dans des lieux où on ne l’attend pas, mais aussi de maintenir une programmation dans des salles qui programment de moins en moins ce type d’esthétique vécue comme exigeante et élitiste, bien trop souvent à tort. Autant d’aventures qui ont permis de rencontrer un public nouveau et nombreux, pour certains qui écoutaient de la musique classique pour la première fois et pour d‘autres qui ont pu (re)découvrir autrement les œuvres, autour de visuels impactant et forts de sens, sans jamais dévoyer le programme musical et la qualité d’interprétation. Mais, et c’est paradoxal de prime abord, les salles plus traditionnelles (comme la Philharmonie de Paris) nous demandent maintenant ces formes hybrides pour leurs programmations !
L’Agenda des concerts du Quatuor Debussy
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