
3 questions à Isabelle Saint-Yves, André Henrich et Julien Barre, membres de la direction artistique du Banquet Céleste :
« Tout en tentant de garder intacts ‘la pâte sonore’ du Banquet Céleste et l’esprit insufflé par Damien Guillon toutes ces années, le travail collectif apporte aujourd’hui une nouvelle dynamique, et l’ensemble s’enrichit plus encore de la complémentarité des personnalités. » Julien Barre.
Février 2025
Par Marine Gacogne
En 2025, après plus de 15 ans d’existence, Le Banquet Céleste prend une nouvelle direction placée sous le signe du collectif.
À cette occasion, la FEVIS a rencontré trois artistes du Banquet Céleste, Isabelle Saint-Yves, André Henrich et Julien Barre, membres de la direction artistique de l’ensemble. Ils évoquent avec nous les différents projets pour ce printemps 2025 et les perspectives nouvelles pour l’ensemble.
Ce printemps 2025 sera marqué par une tournée de l’oratorio La Resurrezione de Georg Friedrich Haendel à l’Opéra de Rennes puis à l’Atelier Lyrique de Tourcoing, avant les festivals d’été (Beaune, Saint-Malo et Chaise Dieu). Retraçant les derniers jours de la Passion du Christ, cette œuvre allie musicalité et spiritualité. Comment avez-vous souhaité l’interpréter ?
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« C’est un défi particulièrement motivant de se lancer dans un format plus étoffé et plus long, sans chef. C’est une occasion enthousiasmante de nous retrouver, aussi avec le public ! » – André Henrich
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Julien : La Resurrezione est une oeuvre à part : un tout jeune Haendel arrive en Italie pour s’imprégner d’un nouveau langage ; il rencontre Scarlatti et Corelli, et dispose pour créer cette œuvre, d’un orchestre important, offrant une variété de couleurs que nous aurons à cœur de dessiner, soulignant tant de sentiments comme la douleur, l’espoir ou la joie.
Isabelle : Même si elle n’a plus tout à fait la même résonance aujourd’hui, cette musique nous invite à davantage de spiritualité. Cet oratorio sera le début d’un cycle réjouissant de trois oratorios de G.F. Haendel, en étroite collaboration avec l’Opéra de Rennes, où l’ensemble renouvelle sa résidence.
André : C’est un défi particulièrement motivant de se lancer dans un format plus étoffé et plus long, sans chef. C’est une occasion enthousiasmante de nous retrouver, aussi avec le public !
Découvrir un extrait de La Rezurrezione, oratorio de Haendel
Le mois de mars sera également l’occasion pour Le Banquet Céleste de donner deux nouvelles représentations en Bretagne du spectacle « Dreams Un autre rêve » créé en 2020. Un voyage intime dans l’univers mélancolique de John Dowland et d’Henri Purcell, servi par la mise en scène de Cécile Roussat et Julien Lubek qui s’inspire notamment des tableaux des Vanités du XVIIème siècle. Pouvez-vous nous présenter ce projet ?
André : Au départ, il s’agissait d’un concert autour des œuvres de ces deux compositeurs qui n’ont pas vécu en même temps et sont pourtant souvent réunis, associés dans les programmes pour une nostalgie, une mélancolie partagée ; puis Damien a eu l’envie d’en faire un spectacle… il s’est naturellement tourné vers Cécile Roussat et Julien Lubek pour sa conception.
Isabelle : Le thème des vanités est très présent dans la scénographie ; il fait écho au temps qui passe et à certains enjeux de notre société. Notre rapport aux limites, au fini et surtout au beau. Je suis persuadée que c’est l’art et le beau qui nous sauvent. La mise en scène de Cécile et Julien est poétique, onirique, le décor et les costumes sont sublimes…
André : C’est un plaisir de faire partie de la scène ! pas tout à fait comme comédien, mais d’être en costume, d’être partie prenante de la scénographie, du jeu de scène. C’est rare d’être à cette place depuis laquelle nous vivons certainement différemment la musique. Il y a un discours, une narration complémentaire à celle véhiculée par la musique.
Isabelle : Être sur scène permet effectivement de donner une autre dimension à la musique, de la donner à voir et toucher l’auditeur autrement. Pour nous, c’est une interaction très forte et que l’on a rarement l’habitude d’avoir, avec la régie au plateau, le chanteur et le danseur-acrobate, Aurélien Oudot. C’est une autre manière de s’adresser à un public plus large, en incluant la danse, la magie, la théâtralité. C’est ce qu’on retrouve dans les ateliers de découverte et de pratique que l’on propose aux élèves autour de cette production.

Spectacle « Dreams Un autre rêve » ©Julien Mignot
Suite au départ l’année dernière de son fondateur, le contreténor Damien Guillon, Le Banquet Céleste est désormais porté par une direction artistique collective de plusieurs musiciens et musiciennes fidèles depuis de nombreuses années. Quel nouveau souffle et quelle dynamique souhaitez-vous insuffler au projet de l’ensemble ?
Julien : Tout en tentant de garder intacts « la pâte sonore » du Banquet Céleste et l’esprit insufflé par Damien toutes ces années, le travail collectif apporte aujourd’hui une nouvelle dynamique, et l’ensemble s’enrichit plus encore de la complémentarité des personnalités. Le challenge est très stimulant individuellement et la manière de travailler, très différente, nous pousse à trouver de nouvelles connexions entre musiciennes et musiciens, une autre manière de penser la musique, d’appréhender les projets, en liens étroits aussi avec l’équipe permanente, présente au quotidien pour l’administration, la production, la communication et la médiation.
André : On avait envie de continuer parce qu’il y avait cette réunion de personnes, ces rencontres heureuses provoquées depuis 15 ans et l’énergie installée. Plusieurs d’entre nous étaient prêts à s’impliquer plus dans un ensemble indépendant, au-delà de leur rôle d’interprète. L’idée de partager les responsabilités, la direction artistique est devenue envisageable. Même si on joue des opéras et oratorios en grands effectifs, une grande partie du répertoire baroque permet de jouer sans chef car il s’agit de musique de chambre « élargie » telle que défendue par Le Banquet Céleste.
Isabelle : Le collectif est l’occasion d’interroger notre désir, les raisons pour lesquelles on fait ce métier, pour qui, comment avec quel engagement personnel ? Il s’agit de se questionner non seulement sur le répertoire mais aussi tout ce qu’il y a autour : la structuration, les personnes auxquelles on s’adresse, notre implication dans le monde dans lequel on vit…
André : Dans notre société, cela prend beaucoup de sens aujourd’hui. Y compris dans le contexte actuel… c’est l’opportunité d’expérimenter une autre manière d’être ensemble, l’occasion de montrer qu’il est possible de faire différemment.
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