
Communiqué : Inquiétude des ensembles indépendants quant au devenir du théâtre de Caen
Publié le 24 janvier 2022

La FEVIS exprime son inquiétude sur les conséquences directes que le projet de fusion de l’orchestre de l’Opéra de Rouen et de l’Orchestre Régional de Normandie aura sur le théâtre de Caen.
Ce théâtre joue un rôle déterminant depuis quarante ans dans le développement du mouvement des indépendants et est un acteur indispensable à la mise en place de coproductions lyriques avec les ensembles. Nous attirons la vigilance du Ministère sur la fragilisation de ce modèle unique que la fusion des orchestres pourrait entraîner.
La FEVIS exprime son inquiétude sur les conséquences directes que le projet de fusion de l’orchestre de l’Opéra de Rouen et de l’Orchestre Régional de Normandie (ORN) aura sur le projet du théâtre de Caen.
Ce théâtre a joué et joue un rôle déterminant depuis quarante ans dans l’émergence et le développement du mouvement des ensembles indépendants. Dès la fin des années 1980, il a été pilote dans la mise en place d’une résidence innovante d’un ensemble baroque pour donner toute sa place à un répertoire spécialisé encore absent des saisons des maisons lyriques. La résidence de 25 ans que l’ensemble Les Arts florissants a mené en Normandie résonne aujourd’hui comme un modèle exemplaire de collaboration qui a donné naissance à des productions qui resteront gravées dans les mémoires, à commencer par l’Atys de Lully, créé en 1987.
Au-delà de sa stratégie pilote de résidence, c’est aujourd’hui un acteur indispensable à la mise en place de coproductions de projets lyriques ambitieux avec un grand nombre d’ensembles en France et à l’étranger, émergents ou déjà confirmés, et un opérateur qui travaille main dans la main avec les plus grandes maisons d’opéras en France et en Europe. Cette place a été récemment reconnue dans le rapport de la mission sur l’art lyrique menée par Caroline Sonrier.
Nous, ensembles indépendants, attirons toute la vigilance du Ministère sur la fragilisation de ce modèle unique que la fusion des orchestres pourrait entraîner.
Chaque année, les représentations assurées par l’ORN constituent 13% des levers de rideaux de la saison du théâtre de Caen, constituant ainsi une proposition musicale extrêmement importante pour les publics. Cette offre est possible car elle repose sur un partenariat privilégié du théâtre de Caen avec l’ORN, ce dernier participant financièrement à cette programmation à hauteur d’environ 200 000 € d’apport en industrie par an, salaires artistiques des permanents et défraiements cumulés. La fusion de l’ORN dans l’Orchestre symphonique de l’Opéra de Rouen, bien moins souple dans sa diffusion, fait peser le risque immédiat d’entrainer un surcoût très important pour le théâtre de Caen et donc une diminution directe de sa marge artistique et de sa capacité à accompagner les projets singuliers des ensembles indépendants.
Le secteur de l’indépendance, déjà fragilisé par le manque d’outils de production lyrique dans le réseau des maisons d’opéra, a besoin pour sa survie de partenaires de création et de diffusion importants sur le territoire national. Le théâtre de Caen est l’un de ces acteurs majeurs et il serait dramatique pour l’écosystème indépendant que cette maison soit fragilisée dans son modèle qui a fait ses preuves artistiquement et économiquement.