Édito juin 2024
Chers toutes et tous,
Quand il m’a été proposé il y a quelques semaines d’assurer la présidence de la FEVIS, je n’imaginais pas que nous traverserions alors une telle période de tempête et d’incertitude. Je ne flancherai pas, je ne me déroberai pas.
Je succède à Jacques Toubon qui est pour moi un exemple d’intégrité et qui a assuré treize années à la tête de votre fédération avec un désintéressement exemplaire. Il est un modèle : grand ministre de la Culture, défenseur héroïque de la langue française, créateur de la Fondation du Patrimoine, il n’est ni un faiseur, ni un mondain, ni un mirliflore. Maryvonne de Saint-Pulgent, la présidente du Comité d’Histoire du Ministère de la Culture, l’a parfaitement décrit dans une publication qui raconte son parcours et intitulé : L’énergie et la passion. Je ferai de ce titre ma devise au service des artistes, des ensembles et des personnels administratifs qui vous entourent.
Je veux saluer également Louis Presset, votre Délégué général et son équipe. Dans cette période préparatoire à ma prise de fonction, Louis a mis son expertise et sa connaissance fine du milieu au service d’une transition sans heurts. Qu’il trouve ici l’expression de ma gratitude.
Je parlais d’ énergie, la vôtre, elle est le moteur qui vous fait vivre, la mienne dorénavant vous est acquise. Je ne serai pas une présidente fantoche qui aurait accepté cette présidence pour ajouter une ligne à son CV. Des rendez-vous importants nous attendent : Accord majeur à Aix en Provence et Interférences à Avignon dans quelques jours, le New Deal à la Philharmonie en octobre. Je serai à vos côtés pour que ces événements soient les plus utiles possible.
Mais l’énergie tourne à vide si elle n’est pas mue par la passion. Je suis fière de rejoindre un secteur marqué par l’exigence de la qualité artistique et qui en un quart de siècle s’est développé sur l’ensemble de notre millénaire musical. Vous n’êtes plus seulement identifiés sur le baroque, vous êtes maintenant reconnus sur la musique contemporaine aussi bien que sur la musique ancienne. Vous avez su conquérir de nouvelles formes, de nouveaux formats, de nouveaux lieux, de nouveaux partenaires, de nouveaux publics.
Oui, nous traversons une période de doutes profonds qui s’ajoutent à toutes les difficultés structurelles de notre secteur. L’union de nos forces est plus que jamais nécessaire et il nous faut pour cela une approche politique au sens noble du terme.
Face à une remise en cause des missions et des structures, il faut réaffirmer sans relâche devant les acteurs publics nationaux et locaux que la culture -la musique en particulier- n’est pas simplement un supplément d’âme, mais ce qui nous fait vivre et vivre ensemble. Elle est un puissant et incomparable moteur de promotion individuelle et collective.
Nous nous battrons aux côtés de nos syndicats professionnels qui ont la lourde tâche de défendre nos intérêts matériels sans confusion de nos missions. L’heure est trop grave pour nous livrer à des guérillas stériles. Nous défendrons les personnes morales et les personnes physiques de notre fédération, ceux qui nous écoutent et nous regardent mais aussi ceux qui ne nous écoutent pas et qui ne nous regardent pas. C’est en cela que le rôle citoyen d’une fédération est indispensable.
Pour cela, je vous encourage sur les territoires à construire des partenariats les plus divers et n’hésitez pas à imaginer des structures autonomes. Certains le font déjà et croyez bien que je ne vois pas cela comme une perte de pouvoir, bien au contraire. Il faudra néanmoins que les liens entre l’échelon central et territorial soient fluides et homogènes et affirment notre irremplaçable identité. Nous y réfléchirons ensemble comme nous l’avons fait lors de notre journée de réflexion du 19 juin avec les riches et passionnants échanges sur les violences sexistes et sexuelles. Nous continuerons à nous ouvrir, le monde bouge et nous saurons bouger et anticiper.
Pour cela, j’ai besoin de mieux vous connaitre, vous entendre. J’irai à votre rencontre sur le terrain, faire un vrai Tour de France des ensembles et je me réjouis de vous retrouver au fil de ces déplacements.
De l’énergie et de la passion, sans lesquelles rien ne sera possible. Jacques Toubon m’a montré la voie, il reste à nos côtés puisqu’il a accepté la présidence d’honneur de notre fédération et je veux être digne de cette succession exaltante mais surtout digne de vous, de vos exigences, de vos talents et de vos enthousiasmes. Merci de m’avoir si chaleureusement accueillie et entourée.
Roselyne Bachelo-Narquin
Présidente de la FEVIS
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