
Le collectif est l’avenir
Tribune Eté 2022

© Alex Bonnemaison
Tribune par Jean-Christophe Frisch, flûtiste, directeur artistique de l’ensemble Le Baroque Nomade
Le projet OuVERTures est né à l’été 2020, dans les circonstances que nous connaissons tous, comme une réponse collective d’une quinzaine d’ensembles franciliens de la FEVIS à la crise sanitaire, sociale et culturelle. Cette série de concerts, presque tous à l’air libre, nous a aidés à franchir ce cap difficile. Mais le point positif principal est que ce projet commun nous fait découvrir le plaisir de travailler ensemble, en autogestion, dans le respect de la diversité des esthétiques, des personnalités, des moyens, des disponibilités des ensembles participants.
OuVERTures propose cette année sa troisième édition, toujours portée par quinze ensembles, pas exactement les mêmes puisque certains nous ont rejoints alors que d’autres n’étaient plus en mesure de participer. Cette fluidité est d’ailleurs constitutive du projet. Naturellement l’enjeu en 2022 n’est plus exactement le même. Nous avons aussi appris à travailler ensemble, avec les limites comme les apports de cette collaboration ouverte. La principale limite est bien sûr du côté des différences d’investissement dans le projet des participants, comme toujours dans les groupes humains. Nous avons choisi d’accepter que les ensembles et les personnes jouent des rôles différents, chacun selon ses moyens, en espérant que d’une année sur l’autre, les choses se ré-équilibrent. Jusqu’ici la méthode semble efficace. Les principaux enrichissements, sans parler du bonheur de se connaître mieux ou d’échanger régulièrement, sont dans la découverte de nouveaux publics, qui sont fort différents de nos auditeurs habituels, dans les contacts avec des partenaires pour des futurs concerts, en un mot : l’ouverture.
Nous avons donc choisi de pérenniser le projet, année par année, et sans présumer de la suite, car l’environnement est si fluctuant que nous ne savons pas ce qui sera possible, ou pertinent, dans les années qui viennent. Chaque année après un bilan nous décidons, ou pas, de continuer l’année suivante. Encore une fois, nous tenons à cette fluidité. Nous avons le sentiment de défricher un terrain nouveau, que nous découvrons au fur et à mesure. Le chemin n’est pas tracé, il est parfois incertain ou cahoteux, ou peut-être est-ce juste que nous n’avions pas vu venir une ornière ou un virage. C’est indéniablement une prise de risque, par exemple parce que les institutions ne sont pas préparées pour les projets collectifs (notons d’ailleurs l’accompagnement immédiat et constant qu’elles ont su donner jusqu’à présent et même leurs efforts pour trouver des solutions lorsque les dispositifs existants étaient mal adaptés). Mais il faut y aller, car nous pensons que le collectif est l’avenir.
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