3 questions à Paulin Bündgen : « Céladon est une grande famille, avec des rapports particulièrement amicaux entre les artistes, mais également avec le public qui nous suit. »

Août 2024

Par Marine Gacogne

© Marie Fady


A l’occasion du 25ième anniversaire de l’Ensemble Céladon, ensemble lyonnais de musique ancienne, la FEVIS a rencontré Paulin Bündgen, contre-ténor et directeur artistique de l’ensemble.

Il revient sur cet anniversaire et sur les jalons qui ont marqué l’évolution de l’ensemble et évoque avec nous une saison anniversaire placée sous le signe du partage et de l’abondance.


25 ans d’existence, de musique, de partage et de rencontre avec le public pour l’Ensemble Céladon. Que retenez-vous de ce chemin parcouru ? Quels projets souhaitez-vous développer dans les années à venir ?

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Céladon est une grande famille, avec des rapports particulièrement amicaux entre les artistes, mais également avec le public qui nous suit.

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Paulin Bündgen : La première chose qui me vient en tête quand je pense à ces 25 années d’existence de l’Ensemble, c’est l’esprit de camaraderie, auquel je tiens tant, qui règne durant nos productions. Céladon est une grande famille, avec des rapports particulièrement amicaux entre les artistes, mais également avec le public qui nous suit. C’est une chose qui est à mes yeux particulièrement précieuse. Je suis quelqu’un de très fidèle et certains artistes de l’Ensemble travaillent à mes côtés depuis des années. Cela rend le travail beaucoup plus efficace car tous les membres de l’ensemble portent en eux cette « pâte » qui fait l’identité de Céladon. Il en va de même avec les personnes du « bureau » qui travaillent avec moi et qui ont un rôle tellement important dans la vie d’un groupe.

Quant à l’évolution de l’approche du répertoire durant ces 25 ans, je dirais que nous avons développé une réelle expertise dans les répertoires anciens (en l’occurrence la musique médiévale et Renaissance). Ce savoir s’est naturellement approfondi au fil des ans et continue d’être un des principaux axes de travail des années à venir. Nous ne renions bien évidement pas la musique baroque que nous abordons régulièrement et avec un immense plaisir, mais les musiques plus anciennes ont besoin de davantage de visibilité, et nous sommes ravis d’en être les ambassadeurs.

Ensemble Céladon © Marie Fady

Découvrez le livret anniversaire de l’ensemble.

Qui dit 25ième anniversaire, dit nouvelle sortie de disque, le onzième pour l’ensemble avec « Au Douz Tens Nouvel. Chansons de trouvères » paru le 5 juillet dernier chez Ricercar. Pour ce programme, vous partez sur les traces de la musique des trouvères, un art de tradition essentiellement orale, et de nombreuses questions de transcription, d’instrumentation et d’interprétation se posent. Quel a été votre processus de travail pour la création de ce programme ?

Paulin Bündgen : Ce disque clôt la trilogie que nous avons réalisée autour de l’amour courtois pour le label Ricercar chez qui nous enregistrons quasiment tous nos disques. Après Nuits Occitanes qui s’intéressait aux chansons de Troubadours, Under der Linden qui abordait le répertoire des Minnesänger – leurs homologues allemands – nous finissons ce triptyque avec les chansons de trouvères. Travailler sur ces répertoires qui remontent pour la plupart au 13eme siècle n’est pas chose aisée : il existe peu de transcriptions modernes des manuscrits des trouvères, certaines partitions ou certains textes sont incomplets ou difficilement lisibles ; la question du rythme reste de plus l’un des principaux écueils de l’interprète qui se confronte à cette musique. Pour chaque volet de cette trilogie, nous avons fait appel à des spécialistes pour nous guider et nous assister dans ce travail : musicologues ou philologues. Pour Au douz tens nouvel, nous avons eu la supervision de Anne Delafosse (également chanteuse dans l’Ensemble), qui est une grande spécialiste de la chanson en ancien français et qui a le mérite de combiner les expériences de chanteuse et de chercheuse. Son aide nous a été très précieuse pour peaufiner et alimenter le projet, la référence aux manuscrits restant bien sûr essentielle dans ce type de répertoire. Concernant l’instrumentation et l’ « habillage » de chaque morceau, je fais toujours une proposition aux musiciens pour colorer les chansons selon ce qu’elles m’évoquent et en fonction du texte. Nous testons et ajustons ensuite tous ensemble.

« Au Douz Tens Nouvel. Chansons de trouvères »

Paru le 5 juillet 2024 chez Ricercar

Enfin, en point d’orgue de cette saison anniversaire, l’ensemble donnera le 25 septembre prochain un concert en partenariat avec le Musée Gadagne de Lyon autour du programme « Primavera ». Pouvez-vous nous présenter ce programme ? Quels seront les prochaines créations de programme pour les années à venir ?

Paulin Bündgen : Primavera vient tout juste d’être créé lors d’une résidence au Centre Culturel de Rencontre de l’Abbaye de Noirlac, puis donné dans la foulée dans le festival Les Nouvelles Traversées. Il s’agit d’un programme de musique Renaissance italienne, plus précisément de frottole, qui sont des chansons relativement simples, en opposition avec le grand style contrapuntique franco-flamand qui règne en cette fin de 15ème siècle. Pour ce projet, j’ai réuni sur scène 7 interprètes avec des instruments parfois inédits tels que le clavicytherium ou la lira da gamba. Une boucle se referme puisque le premier concert de Céladon en 1999 était aussi consacré aux frottole. Faire ce programme dans la Cour du Musée Gadagne est aussi un beau symbole : chassés de Florence par Laurent de Médicis, une partie de la famille Guadagni est venue s’exiler à Lyon et s’est installée dans cet hôtel particulier. Nul doute que des frottole ont été glissées dans leurs bagages et ont résonné dans leur nouvelle demeure.

Parmi nos prochains projets, nous allons en 2025 travailler avec la compagnie lyonnaise Hallet Eghayan, sous la direction du chorégraphe Michel Hallet Eghayan, avec de la musique d’Henry Purcell. En 2026, nous créerons de la musique contemporaine anglaise sur instruments baroques, tout un programme ! Et notre prochain disque sera également enregistré en 2026, il s’agira de l’oratorio Il Trionfo della Grazia d’Alessandro Scarlatti que nous avons créé à la Chapelle de la Trinité – Les Grands Concerts de Lyon et qui sera repris au festival de Vézelay l’an prochain. Un nouveau programme de musique Renaissance en duo verra, lui aussi, bientôt le jour.

Vive l’éclectisme et la curiosité !

Ensemble Céladon © Michel Cavalca

Retrouvez plus d’informations sur ensemble-celadon.net

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